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MARS 1764

22. — Malgré le silence littéraire observé sur la Dunciade, quelques personnalités ont engagé plusieurs personnes, surtout des femmes, à se plaindre criminellement de ce libelle calomnieux. Il paraît que madame Riccoboni, que l’auteur appelle plaisamment Rubiconi, n’a pas peu contribué à mettre en mouvement le ministère public. M. le duc de. Choiseul, instruit de ces menées, a cru devoir interposer ses bons offices. Protecteur de l’auteur dont l’ouvrage paraît s’être produit sous ses auspices, il a demandé qu’on lui laissât le soin de punir le calomniateur. Il est exilé à cinquante lieues, et ce scélérat, qui devrait être mis au cabanon pour le reste de ses jours, reçoit une nouvelle illustration de son châtiment.

24. — Lettre à la Grecque[1]. Cette plaisanterie est dans le genre de l’abbé Coyer. L’auteur suppose un projet fou de salle de spectacle, pour avoir le plaisir de le tourner en plaisanterie et de s’égayer en passant sur plusieurs de nos ridicules. Elle est légèrement écrite et porte l’empreinte d’un esprit agréable.

28. — Le ministère veille de très-près à ce qu’il ne se répande pas d’ouvrages capables d’entretenir les esprits portés à favoriser les ci-devant soi-disant Jésuites. Il en paraît un fort estimé : Lettre à M.**, conseiller au parlement de Paris, où on lui rend compte de quelques entretiens, dans lesquels un docteur en théologie découvre par quels moyens le livre des Assertions a surpris la sagesse des magistrats ; volume in-12 de trois cent soixante-dix-huit pages. Cet écrit, fait avec beaucoup de modération et avec tout l’art possible, pourrait séduire les gens mal instruits, car il n’est pas sans réplique pour ceux véritablement au fait de la matière.

  1. À l’île de Ténedos, 1764 ; in-12 de 24 pages. — R.