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MÉMOIRES SECRETS

déployé toute la richesse de son génie pittoresque. Mademoiselle Clairon l’a très-bien secondé par les attitudes de toute espèce qu’elle prend sur la scène. L’auteur et l’actrice, également peintres, n’ont su que parler aux yeux. Ce sujet, qui paraît susceptible de tout le pathos qu’on peut mettre en une tragédie, a manqué son effet en plein. M. Le Mière est décidé n’avoir point d’entrailles, non plus que la sublime héroïne du théâtre. Cette tragédie porte sur des absurdités sans nombre.

17. — Vers en réponse à l’Épitaphe du parlement de Normandie, faite par une dame du parlement[1] :


De tous les parlemens, Madame, un seul a tort :
Loin de combattre, il fuit ; loin de vaincre, il abdique.
Ainsi le vieux Caton, en se donnant la mort,
Au lieu de la servir, perdit la république.

18. — Tout se dira, ou l’Esprit des magistrats destructeurs, Analyse dans la demande en profit de défaut de M. Le Goullon, procureur-général au parlement de Metz. Tel est le titre d’un écrit de trois cent six pages in-12 contre les procureurs-généraux et ceux qui ont dénoncé les Constitutions des ci-devant soi-disant Jésuites. Ce volume renferme une critique grammaticale des Comptes rendus, une satire très-vive des parlemens, des injures grossières sur plusieurs membres, des accusations graves contre la magistrature. En général, c’est un mélange de pièces qu’on ne peut apprécier par le peu d’ordre qui y règne, et dans lequel, cependant, l’on trouve des morceaux très-bien faits, qui dénotent que cet ouvrage est de plusieurs mains. La passion qui y domine, infirme toute

  1. V. 10 février 1764. — R.