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NOVEMBRE 1763

19. — M. de Sauvigny, peu content du succès médiocre de son Socrate, a pris le parti de le mettre d’abord en quatre actes, et puis en cinq. Il est à présumer que ce drame en deviendra détestable. L’action, déjà très-peu chaude, n’en sera que plus froide, et le remplissage qu’il faudra mettre diminuera absolument le mérite de la versification, en général assez bien faite, mais désormais lâche, diffuse, et noyée dans des dialogues trop allongés.

Cet auteur fait actuellement des Apologues Orientaux, qui s’impriment et paraîtront incessamment.

20. — On lit dans la trente-troisième feuille de l’Année Littéraire, page 177, l’anecdote suivante : « Il y a dans Paris un homme de lettres[1] qui a pris la peine d’examiner les soixante-dix premières pages de ce livre si vanté (l’Esprit des Lois)… Il a trouvé dans ces soixante-dix pages un si grand nombre de faits et de citations fausses, tronquées ou altérées, que la discussion qu’il en a faite lui a fourni de quoi remplir deux volumes in-12, qui furent imprimés, et dont on tira cinq cents exemplaires. Le président de Montesquieu eu fut si alarmé, qu’il se donna de grands mouvemens pour en empêcher la publication. Il y employa le crédit de tous ses amis, et fut assez heureux pour réussir… Elle (cette critique) fut communiquée à plusieurs personnes qui sont en état d’en rendre compte ; il s’en est même sauvé quelques exemplaires… »

C’est à l’auteur de l’Année Littéraire à justifier une imputation aussi hardie, et à constater une anecdote aussi intéressante.

21. — M. le marquis de Ximenès, ayant essayé vainement de se faire un nom comme auteur, se borne à

  1. Crévier. — R.