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MÉMOIRES SECRETS

de chansons ; on leur reproche leur naissance, que l’on dégrade au dernier point[1].

28. — M. Hume, ce philosophe anglais si connu dans la république des lettres, vient d’arriver à Paris : il est secrétaire intime du lord Herford, ambassadeur d’Angleterre en France.

29. — Mademoiselle Bihéron nous donne un spectacle des plus curieux et des plus intéressans. Cette fille, aussi active qu’industrieuse, s’est, depuis plusieurs années, appliquée à l’anatomie d’une façon si intelligente, qu’elle en exécute des modèles dans la plus grande perfection. Elle emploie toutes sortes de matières, à mesure qu’elle les trouve plus propres à faire illusion, et à rendre dans toute leur vérité les diverses parties qu’elle veut figurer. De tels ouvrages pourraient être fort utiles pour plusieurs opérations, et cette habile ouvrière devrait être encouragée par le gouvernement.

Ier Novembre. — M. Marmontel ayant mis en drame son conte de la Bergère des Alpes, et M. de La Borde en ayant fait la musique, ces messieurs ont présenté leur ouvrage aux Italiens. Les comédiens, prévenus par le sieur Favart qu’il travaillait pour eux à la même pièce, ont refusé cette nouveauté, qui d’ailleurs ne leur a pas paru d’une bonté supérieure.

2. — M. le chevalier de La Morlière travaille à une suite de l’Histoire du théâtre, depuis 1720 jusqu’à nos jours. Il peut tirer un grand parti de ce morceau intéressant[2].

  1. Le marquis Dumesnil commandait la province du Dauphiné, et le duc de Fitz-James celle du Languedoc. L’un et l’autre, opposés aux parlemens et dévoués à la cour, furent révoqués de leurs fonctions.
  2. Ce travail n’a pas été publié. — R.