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MÉMOIRES SECRETS

mettre dans les mains des particuliers les sentimens mâles et généreux des vrais patriotes. Celui contre Bordeaux est adroit, en ce qu’il donne cet écrit et les autres comme propres à décourager les peuples ; et c’est sur ce motif qu’il est fait une défense générale aux imprimeurs de France de dévoiler ainsi les secrets de la cour et des parlemens sans son approbation. Cet écrit, comme littéraire, est attribué au sieur Moreau, appelé l’avocat des finances.

5. — M. l’abbé Yvon, ce fameux proscrit comme complice et auteur de la Thèse de l’abbé de Prades, revenu depuis quelque temps en ce pays, avait annoncé qu’il faisait un ouvrage capable de surprendre. Il paraît cet ouvrage, et il étonne en effet, non par la manière dont il est traité, mais par son but extraordinaire dans un pareil homme ; c’est une réponse à la lettre de J.-J. Rousseau à Christophe de Beaumont, archevêque de Paris[1]. On est tout-à-fait émerveillé de voir un apôtre de l’athéisme tourner casaque et servir de bouclier à M. de Beaumont.

Il ne paraît encore que la première partie de cet ouvrage, qui doit contenir quinze lettres ; elle renferme une préface fort longue, suivant l’usage de ce verbeux métaphysicien, et la première lettre : c’est-à-dire que pour réfuter une brochure très-mince, ce champion volumineux se dispose à donner au public une suite de trois ou quatre in-octavo. Quant au style, personne n’osera le mettre en parallèle avec la plume brûlante de Rousseau.

7. — On a repris aujourd’hui Mariamne, avec les

  1. Lettre à M. Rousseau pour servir de réponse à sa lettre contre le Mandement de M. l’archevêque de Paris ; Amsterdam (Paris), 1763, in-8o. L’auteur, qui promettait quinze lettres sur ce sujet, n’en a donné que deux, contenues dans ce volume. — R.