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AOÛT 1763

qu’on vous tourne en ridicule, qu’on se moque de vos talens et de votre esprit. On vous blâme aussi d’avoir quitté le service : quand vous serez mort, on ne parlera plus de tout cela, et vos cendres reposeront en paix.

11. — L’Apologie des Jésuites convaincue d attentat contre les lois divines et humaines ; trois parties in-12. Cet ouvrage, attribué à M. de Montclar[1], procureur général du parlement de Provence, résume de nouveau tout ce qu’on a dit de plus spécieux en faveur des Jésuites, renverse, détruit, pulvérise tout l’échafaudage de leurs défenseurs. Il finit par attaquer spécialement l’Apologie des Jésuites de Nanci, et ne laisse rien à désirer sur l’éclaircissement de cette matière. Le livre est écrit d’une façon nerveuse, concise et atterrante.

12. — Les Comédiens Italiens ont donné une pièce nouvelle en deux actes, mêlée d’ariettes ; elle est intitulée les Deux Talens. La musique est de M. le chevalier d’Herbain, amateur ; les paroles sont de M. de Bastide.

Le poëme est médiocre ; la musique pleine de richesses, mais accumulées sans goût, sans intelligence, et sans fruit pour les auditeurs.

13. — On a fait l’épigramme suivante sur les Deux Talens :


Poëme plat, style commun,
Grands airs bruyans, musique vide,
Pauvre d’Herbain, chétif Bastide,
Vos deux talens n’en font pas un.

14. — On débite, imprimé, un Portrait de M. de Voltaire, de deux cents vers environ. Il paraît que c’est quelqu’un qui, sous le voile de l’éloge, a prétendu tour-

  1. Barbier le donne à l’abbé Guyon. — R.