Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
JUILLET 1763

plaisanterie de quelqu’un qui a voulu l’imiter : mais le style soutenu qui y règne, toujours mâle, toujours nerveux, ne laisse presque aucun doute que l’ouvrage ne soit de ce moderne Diogène.

20. — Lettre de M. le comte de Lauraguais à M. le comte de Bissy,
En lui envoyant copie de la lettre écrite à M. le comte de Saint-Florentin.

Voilà, M. le comte, la copie de la lettre que vous m’avez demandée, et que je crois moins indigne du sujet qu’elle traite depuis que vous l’avez applaudie. Vous me demandez aussi mon Mémoire : il faudra bien qu’il paraisse ; car j’avoue qu’il peut me justifier de beaucoup d’imputations qu’on répand sourdement. Je voudrais bien qu’il fît moins de bruit et plus d’effet. Je suis resté dans le silence, tant que les choses sont restées dans le cercle où la force de l’opinion les meut : mais M. Omer de Fleury m’a forcé de parler.

L’Académie a trouvé mauvais, c’est-à-dire, M. Duhamel du Monceau et M. Le Camus ont trouvé mauvais que j’appelasse le Fleury au réquisitoire, Omer de Fleury ; mais ils ont été assez contens des raisons qui m’ont forcé à l’appeler ainsi. J’ai cité l’histoire des quatre fils Aymon, l’usage où nous étions de ne point appeler notre secrétaire simplement M. de Fouchy, ou Grand Jean, mais Grand Jean de Fouchy, comme il signe lui-même ; qu’enfin MM. de Fleury étaient trois frères ; que, en leur supposant à tous trois autant d’esprit et de talens, il valait mieux les désigner par leurs noms distinctifs que de leur donner des sobriquets, ainsi que le monde avait consacré ceux de Choiseul-le-Merle et de Mailly-la-Bête. D’ailleurs je leur ai dit qu’ayant écrit comme une Sœur