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MÉMOIRES SECRETS

pliment préalable, aussi plat que le reste et aussi ridicule.

La musique est du sieur Gibert, auteur de celle du grand sultan dans les Trois Sultanes. Elle est faible dans cette pièce, et n’a pu sauver tout l’ennui de ce méchant drame.

23. — De temps en temps on réveille le public sur l’édition annoncée de Corneille ; on assure qu’elle paraîtra décidément au moins de juin, du moins en partie. Bien des gens prétendent que M. de Voltaire a moins voulu donner une dot à mademoiselle Corneille, que faire un libelle diffamatoire contre son aïeul : il a déjà jeté des pierres d’attente de son système en plusieurs occasions.

24. — Il nous tombe sous la main, une Vie anglaise de madame la marquise de Pompadour. Elle est ancienne, puisque les deux premières parties finissent en 1758. En général, elle paraît pleine d’anecdotes fausses et rendues par un étranger peu au fait de nos usages. Il y a des réflexions judicieuses, quelquefois trop amères, pour ne rien dire de plus. Mais c’est un Anglais qui écrit.

26. — Les demoiselles Verrière, les Aspasies du siècle, se distinguent par des spectacles agréables qu’elles donnent chez elles ; elles y jouent avec le plus grand succès ; elles ont deux théâtres fort ornés et très-fameux pour des particuliers, à la ville et à la campagne. M. Colardeau, jeune poète, a consacré ses talens en l’honneur de ces deux divinités. On y joue entre autres nouveautés de cet auteur la Courtisane amoureuse, drame en deux actes, en vers, mêlé d’ariettes, qu’il a fait en faveur de l’aînée, vivement éprise de cet auteur.