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MÉMOIRES SECRETS

Je veux contempler les naufrages
Et des auteurs et des amans.
Irais-je plein d’une humeur noire
De Vénus attrister la cour ?
C’est bien assez, tu peux m’en croire,
D’être maltraité par la Gloire,
Sans l’être encore par l’Amour.
Mais quoi ! ton amitié me reste,
C’est ma ressource et mon soutien ;
Pilade dans le sein d’Oreste
Ne doit plus se plaindre de rien,
La Gloire est une enchanteresse
Qui ne remplit jamais un cœur ;
L’Amour n’est qu’un instant d’ivresse,
L’Amitié seule est un bonheur.

Ier Avril. — M. Cazotte, commissaire de la marine, a voulu faire un poëme en prose dans le goût de l’Arioste, intitulé Olivier. Il roule sur l’ancienne chevalerie ; il est aussi extravagant que l’Orlando ; mais est-il compensé par les beautés de toute espèce dont est rempli le poëme italien ? On croit y voir de l’allégorie, on y trouve une clef.

2. — La Gazette de France annonce pour le 13 avril prochain l’ouverture d’une nouvelle bibliothèque qui appartient à la Ville. C’était ci-devant celle de M. Moreau, procureur du roi de la Ville, qui en était le possesseur ; il lui en a fait présent. Elle est placée à lghôtel de Lamoignon, rue Pavée. M. Bonami, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, en est nommé bibliothécaire.

3. — Un malheur ne va jamais sans l’autre : M. Dorat ayant essuyé une disgrâce au Parnasse, elle a été suivie d’une autre à Cythère. Mademoiselle Dubois l’a congédié aussi sèchement que le public. Ce poète aimable s’est