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JANVIER 1763

sion ; il n’y a que les éclairs qui ne répondent pas à ce spectacle terrible.

12. — Les poètes ne le cèdent point à nos orateurs. Plusieurs de ces premiers sont entrés en lice pour défendre la mémoire du malheureux Calas. Aujourd’hui M. Barthe se met sur les rangs, et chante ce héros tragique dans une héroïde nouvelle, non encore imprimée.

Il en a fait une autre, où il fait parler l’abbé de Rancé : malheureusement le plus grand mérite de ces ouvrages, c’est d’être écrits en beaux vers.

13. — Les gens qui plaisantent sur tout ont fait à M. de La Pouplinière une épitaphe bien différente de celle qu’on a vue ci-dessus. On en jugera, la voici :


Pour être auteur, ci-gît qui paya bien :
Pour êC’est la coutume.
L’ouvrage seul qui ne lui coûta rien
Pour êC’est son posthume.

14. — Depuis quelque temps on parle beaucoup d’une Hollandaise jeune et jolie, nommée madame Pater. C’est la femme d’un riche négociant ; elle fait l’entretien des cercles et le sujet des épigrammes ou madrigaux. Voici ce qu’on a fait de moins mauvais : on ne le rapporte que pour faire époque :


Pater est dans notre cité ;
Spiritus je voudrais bien être ;
Et pour former la Trinité
Filius on en verrait naître.


Les seigneurs vont en procession chez elle pour la voir. Son mari, excédé de ces visites, dit un jour à des courtisans en les reconduisant : « Je suis très-sensible, mes-