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DÉCEMBRE 1762

l’attention sur son compte. Elle contient un éloge très-raisonné, très-approfondi, très-bien fait, de Crébillon ; mais le but de l’auteur paraît avoir moins été l’éloge de ce grand homme que la satire d’un autre non moins grand, qu’on devine aisément. M. de Voltaire, sans être nommé, y est désigné sous les traits les plus caractéristiques, et malheureusement les plus vrais.

21. — M. Le Brun, le Pindare du siècle, suivant M. Poinsinet de Sivry, vient de publier une Ode sur la paix. Cette matière tant rebattue ne prête à rien de neuf. Nous ne parlerons que du style, qui est lyrique.

22. — M. Colardeau nous annonce une nouvelle tragédie ; c’est Agrippine voulant venger la mort de Germanicus. Il vise au genre de Corneille, et prétend avoir traité ce sujet en politique.

25. — Il paraît une grande estampe in-folio, où l’on voit d’une part le roi élevé sur son trône ; de l’autre, le groupe des Jésuites plus bas. Le monarque paraît les disperser et leur dire :


Maturate fugam, regique hæc dicite vestro :
Non illi imperium…

Virg.

Il y a beaucoup d’autres devises, dont celle-ci est la plus mémorable.

26. — La Renommée littéraire, nouvel ouvrage périodique. L’auteur donne ce mois-ci pour essai. On voit à la tête une Renommée avec deux trompettes. Elle embouche l’une : il en sort différentes légendes, qui contiennent les titres des ouvrages dignes de passer à la postérité. De sa bouche inférieure en part une autre : Pièces dérobées, l’Année littéraire, les Jérémiades, Épîre à Minette, Caliste, sont les ouvrages infortunés