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MÉMOIRES SECRETS

excellentes sur un plan de philosophie nouvelle. Il ne ressemble en rien à la marche ordinaire des écoles, et c’est déjà un très-grand mérite. Tout fermente, et peut-être qu’enfin nous verrons passer le règne du pédantisme.

24. — Quoique nous ne soyons point dans le goût de consigner ici les mariages, on ne peut passer sous silence celui de mademoiselle Lemière et de Larrivée. Ces deux coryphées de la scène lyrique sont enfin unis par des liens indissolubles, après s’être essayés long-temps à porter leurs chaînes. Ce grand événement a fait une sensation si générale parmi les amateurs de l’Opéra, qu’il fait nécessairement époque dans son histoire.

25. — Autre événement non moins remarquable, quoique aussi étranger en apparence à la littérature : madame Saurin, qui réunit les grâces à l’esprit, étant accouchée d’un garçon, il y a quelques jours, l’Académie a nommé une députation pour féliciter la femme de leur confrère. M. l’abbé d’Olivet a été chargé de cette galante harangue, et il a porté la parole avec toute l’éloquence possible.

26. — M. de Rochefort, jeune homme, membre de l’Académie de Nîmes, arrivé de province depuis peu, lit plusieurs chants d’Homère, qu’il a traduits en vers. Nous avons entendu celui de la Mort d’Achille, où il y a de sublimes beautés. S’il peut soutenir ce grand ouvrage sur le même ton, il a lieu de se promettre un succès complet. Tous les partisans de la langue grecque en ont été enchantés, et exhortent ce nouveau défenseur d’Homère à entrer dans la lice.

27. — Le parlement s’occupe sérieusement du nouveau plan d’études. Il regarde surtout la philosophie, si barbare encore dans les écoles. Il est question de sou-