Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
AOUT 1762

comme méritant des éloges, sans dire le nom de l’auteur. On le connaît aujourd’hui, c’est M. Lemière[1].

27. — L’abbé de Radonvilliers, sous-précepteur des enfans de France et ex-Jésuite, se met sur les rangs pour être de l’Académie. Il ne peut faire valoir en sa faveur que son poste à la cour. Aucun mérite de littérature ne milite pour lui, et de ce côté il est fort inférieur à son concurrent, l’abbé de Voisenon[2].

28. — Il se publie dans les rues un long Mandement[3] de M. l’archevêque contre le livre de l’Éducation de Rousseau, fort bien fait. Les raisonnemens ne sont pas d’une force péremptoire, et de ce côté-là le livre ne reste pas pulvérisé : mais on lance les foudres de l’Église sur quiconque oserait lire un pareil ouvrage. Cette censure vient un peu tard, Émile étant entre les mains de tout le monde, et ayant produit tout le mal dont le lecteur est susceptible. Au reste, c’est une affaire de forme.

Les Pourquoi, ou Questions sur une grande affaire, pour ceux qui n’ont que trois minutes à y donner. Cette plaisanterie, qui a couru long-temps manuscrite, imprimée aujourd’hui, est attribuée à M. de Voltaire. Elle roule sur la dissolution de la Société : elle porte un caractère d’aisance et de gaieté, digne de son auteur.

29. — On parle différemment du sort du frère Ber-

  1. L’Ode sur la patience n’a point été imprimée dans les Œuvres de Lemière. — R.
  2. V. 26 mars 1763. — R.
  3. Mandement portant condamnation d’un livre qui a pour titre Émile ou de l’Éducation par J.-J. Rousseau, citoyen de Genève ; Paris, 1762, in-4o. La réponse dont Jean-Jacques a honoré ce Mandement le fera passer à la postérité. Barbier l’attribue à M. Brocqueville, Lazariste. — R.