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Charlot souriait, très ému au fond de l’agitation de sa femme, qui cherchait à tromper ainsi l’angoisse qui l’étreignait en face de la séparation.

Enfin tout fut prêt. Lise vint se presser contre son mari. Elle ne pleurait pas, ne parlait pas non plus, mais ses grands yeux regardaient avec une fixité émouvante le visage mobile et charmant de son mari. Charlot, en repoussant tendrement les beaux cheveux de sa femme qui cachaient en partie son front, lui murmurait des mots d’affection à peine saisissables. Je ne sais quel douloureux pressentiment venait soudain de la mordre au cœur. Retrouverait-il jamais le cadre familial, qu’il venait à peine de créer, aussi paisible qu’il le quitterait ? Mais il se secoua vite. Qu’allait-il chercher là ? Un soldat ne devait pas ainsi s’abandonner. Il accomplissait un devoir volontaire, plus qu’utile à ses semblables. Il mettait à leur disposition des ressources d’expérience que peu possédaient comme lui. C’est bien ce qu’avait compris M. de Maisonneuve, ce qui l’avait décidé, après quelques jours de réflexion, à permettre une pareille randonnée, où tant d’embûches devaient être déjouées, tant de périls, détournés ou victorieusement traversés !