Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

timents à son égard. Il le disait… Charlot le croyait, en tout cas. Et pourtant ? Perrine s’avouait, en hochant la tête, qu’elle n’était pas aussi crédule et qu’un séjour de deux ans en France, où des jeunes femmes très belles, plus charmantes qu’elle, avaient dû entourer l’officier et n’avait pu que faire naître des comparaisons désavantageuses… Non, il lui était plus facile d’admettre que, comme elle, André de Senancourt voulait se sacrifier pour les enfants de sa sœur. Et cela lui semblait d’autant plus plausible que Charlot avait dû tenir André au courant de son abattement moral, puis de ses forces physiques, si chancelantes depuis quelques mois.

Certes, elle estimait André de Senancourt. Elle l’avait dit au Père Jérôme Lalemant. Sous son humeur, sombre trop souvent, à travers des paroles sarcastiques ou brusques, elle avait deviné une souffrance, qui persistait malgré la volonté ; une déception, qui avait dû frapper cruellement un cœur très confiant… Oui, elle admettait tout cela, impressions confirmées, du reste, par les confidences de sa belle-sœur. Mais elle n’avait jamais voulu aller au delà de ces observations de surface. Peut-être, au fond, et Perrine cacha sa figure entre ses mains, se reprochant ce sentiment indépendant