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LA FÊTE DES TOITS

III

À ce moment une voix grave et jeune, perlée comme un rire de baby, résonna dans cette atmosphère de cristal que font sur les hauteurs le grand froid et la lune claire. Le Roi-enfant s’était arrêté sur un toit en terrasse, et là, debout, entouré de tous ses petits porte-corbeilles, il parlait ainsi à son peuple :

NOËL.

Bonjour, les toits. Bonjour, mes vieux clochers. La nuit est si claire que je vous vois tous dispersés autour de moi dans ce grand Paris que j’aime… Oh ! oui, mon Paris, je t’aime, parce que toi qui ris de tout, tu n’as pas encore ri du petit Noël, parce que tu crois à lui, toi qui ne crois plus à rien… Aussi, tu vois, je viens tous les ans. Jamais je n’ai manqué… Je suis même venu pendant le siège,