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LETTRES DE MON MOULIN.

fois ; aujourd’hui elle m’émeut jusqu’aux larmes.

Oh ! comme ils sont heureux les musiciens du 3e ! L’œil fixé sur les doubles croches, ivres de rythme et de tapage, ils ne songent à rien qu’à compter leurs mesures. Leur âme, toute leur âme tient dans ce carré de papier large comme la main, — qui tremble au bout de l’instrument entre deux dents de cuivre. « Une, deux, trois, partez ! » Tout est là pour ces braves gens ; jamais les airs nationaux qu’ils jouent ne leur ont donné le mal du pays… Hélas ! moi qui ne suis pas de la musique, cette musique me fait peine, et je m’éloigne…




Où pourrais-je bien la passer, cette grise après-midi de dimanche ? Bon ! la boutique de Sid’Omar est ouverte… Entrons chez Sid’Omar.

Quoiqu’il ait une boutique, Sid’Omar n’est point un boutiquier. C’est un prince du sang,