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DEUXIÉME PARTIE

I
mes caoutchoucs

Quand je vivrais aussi longtemps que mon oncle Baptiste, lequel doit être à cette heure aussi vieux qu’un vieux baobab de l’Afrique centrale, jamais je n’oublierai mon premier voyage à Paris en wagon de troisième classe.

C’était dans les derniers jours de février ; il faisait encore très froid. Au dehors, un ciel gris, le vent, le grésil, les collines chauves, des prairies inondées, de longues rangées de vignes mortes ; au-dedans des matelots ivres qui chantaient, de gros paysans qui dormaient la bouche ouverte comme