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disgrâce, ne voulait jamais bouger de son fauteuil, et la maman Delobelle restait pour lui tenir compagnie. D’ailleurs, elles n’avaient ni l’une ni l’autre une toilette assez convenable pour se montrer dehors à côté de leur grand homme, c’eût été détruire tout l’effet de sa tenue.

Au départ, Sidonie s’égayait un peu. Ce Paris en brume rose des matins de juillet, les gares pleines de toilettes claires, la campagne déroulée aux vitres du wagon, puis l’exercice, ce grand bain d’air pur trempé d’eau de Seine, vivifié par un coin de bois, parfumé de prés en fleurs, de blés en épis, tout cela l’étourdissait une minute. Mais l’écœurement lui venait vite à la trivialité de son dimanche.

C’était toujours la même chose On s’arrêtait devant une guinguette à fritures, à proximité d’une fête de pays, bien bruyante, bien courue, car il fallait un public à Delobelle, qui s’en allait, bercé par sa chimère, vêtu de gris, guêtré de gris, un petit chapeau sur l’oreille, un pardessus clair sur le bras, se figurant que le théâtre représentait une campagne des environs de Paris et qu’il jouait un Parisien en villégiature.

Quant à M. Chèbe, qui se vantait d’aimer la nature comme feu Jean-Jacques, il ne la comprenait qu’avec des tirs aux macarons, des chevaux de bois, des courses en sac, beaucoup de poussière et de mirlitons, ce qui était aussi pour madame Chèbe l’idéal de la vie champêtre.

Sidonie en avait un autre, elle ; et ces dimanches