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– Monsieur Risler est parti… fit-elle.

– Parti ?… La porte du jardin n’était donc pas fermée ?

– Il a passé par-dessus le mur… On voit les marques.

Ils se regardèrent, terrifiés.

Planus pensait : « C’est la lettre !… »

Évidemment cette lettre de sa femme avait dû apparaître à Risler quelque chose d’extraordinaire ; et pour ne pas réveiller ses hôtes, il s’était sauvé sans bruit, par la fenêtre, comme un voleur. Pourquoi ? Dans quel but ?

– Vous verrez, ma sœur, disait le pauvre Planus en achevant de s’habiller à la hâte, vous verrez que cette coquine lui aura joué encore quelque tour. Et comme la vieille fille essayait de le rassurer, le brave homme en revenait toujours à son motif favori :

– Chai bas gonfianze !… Puis, sitôt prêt, il s’élança dehors.

Sur la terre détrempée par la grosse pluie de la nuit, les pas de Risler s’apercevaient jusqu’à la porte du petit jardin. Il avait dû partir avant le jour, car les carrés de légumes et les bordures de fleurs étaient défoncés au hasard par des traces creuses, espacées en de longues enjambées ; le mur du fond avait des éraflures blanches, un léger éboulement au faîte. Le frère et la sœur sortirent sur le chemin de ceinture. Ici la marque des pas devenait impossible à suivre. On voyait pourtant que Risler était allé dans la direction de la route d’Orléans.