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Risler lui conseilla de ne pas accepter l’offre des Prochasson.

– Attendez… ne vous pressez pas, plus tard, vous vendrez plus cher.

Il ne parlait que d’eux dans cette affaire qui le concernait si glorieusement. On sentait qu’il se détachait d’avance de leur avenir.

Cependant les commandes arrivaient, s’accumulaient. La qualité du papier, les prix baissés à cause de la facilité de fabrication, rendaient toute concurrence impossible. À n’en plus douter, c’était une fortune colossale qui se préparait pour les Fromont. La fabrique avait repris son aspect florissant d’autrefois et son grand bourdonnement de ruche. Elle s’activait de tous ses bâtiments et des centaines d’ouvriers qui les remplissaient. Le père Planus ne levait plus le nez de son bureau ; on le voyait, du petit jardin, penché sur ses gros livres de recettes alignant en chiffres magnifiquement moulés les bénéfices de l’lmprimeuse.

Risler travaillait toujours, lui aussi, sans distraction ni repos. La prospérité revenue ne changeait rien à ses habitudes de réclusion ; et c’est de la fenêtre la plus haute du dernier étage de l’hôtel qu’il entendait venir vers lui le bruit actif de ses machines. Il n’en était ni moins sombre, ni moins silencieux. Un jour, pourtant, on apprit à la fabrique que l’lmprimeuse, dont on avait envoyé un exemplaire à la grande exposition de Manchester, venait d’y remporter la médaille d’or, consécration définitive de son succès. Madame Georges appela