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faute. Il faut avant tout que je répare le mal que j’ai fait ou que j’ai laissé faire.

– Votre conduite avec nous est admirable, mon cher Risler, je le sais bien.

– Oh ! madame… si vous le voyiez !… c’est un saint…, dit le pauvre Sigismond qui, n’osant plus parler à son ami, voulait au moins lui témoigner son remords.

Claire continua :

– Mais ne craignez-vous pas ?… Les forces humaines ont une limite… Peut-être qu’en présence de celui qui vous a tant fait de mal…

Risler lui prit les mains, la regarda jusqu’au fond des yeux avec une admiration sérieuse :

– Chère créature, qui ne parle que du mal qu’on m’a fait… Vous ne savez donc pas que je le hais autant pour sa trahison envers vous… Mais rien de tout cela n’existe pour moi en ce moment. Il n’y a ici qu’un commerçant qui veut s’entendre avec son associé pour le bien de la maison. Qu’il descende donc sans aucune crainte, et si vous redoutez quelque entraînement de ma part, restez-là avec nous. Je n’aurai qu’à regarder la fille de mon ancien maître pour me rappeler ma parole et mon devoir.

– Je vous crois, mon ami, dit Claire, et elle monta chercher son mari.

La première minute de l’entrevue fut terrible. Georges était blême, ému, humilié. Il aurait préféré cent fois se trouver en face du pistolet de cet homme, à vingt pas, attendant son feu, que de paraître devant lui en coupable non châtié et d’être obligé de contenir ses