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De ces perles fausses qu’elle avait si longtemps maniées, il lui était resté quelque chose au bout des doigts, un peu de leur nacre factice, de leur fragilité creuse, de leur éclat sans profondeur. Elle était bien elle-même une perle fausse, ronde, brillante, bien sertie, où le vulgaire pouvait se prendre ; mais Claire Fromont était une perle véritable, d’un feu riche et discret à la fois, et quand on les voyait ensemble, la différence se sentait. On devinait que l’une avait été perle toujours, une toute petite perle dès l’enfance, accrue des éléments d’élégance, de distinction qui en avaient fait une nature rare et précieuse. L’autre, au contraire, était bien l’œuvre de Paris, ce bijoutier en faux qui dispose de mille futilités charmantes, brillantes, mais peu solides, mal assorties, mal rattachées : un vrai produit du petit commerce dont elle avait fait partie.

Ce que Sidonie enviait par-dessus tout à Claire, c’était l’enfant, le poupon luxueux, enrubanné depuis les rideaux de son berceau jusqu’au bonnet de sa nourrice. Elle ne songeait pas aux devoirs doux, pleins de patience et d’abnégation, aux longs bercements des sommeils difficiles, aux réveils rieurs, étincelants d’eau fraîche. Non ! dans l’enfant, elle ne voyait que la promenade… C’est si joli cet attifement de ceintures flottantes et de longues plumes qui suit les jeunes mères dans le tourbillon des rues.

Elle, pour se faire accompagner, n’avait que ses parents ou son mari. Elle aimait mieux sortir seule. Il avait une façon si drôle d’être amoureux, ce brave Risler, jouant avec sa femme comme avec une poupée,