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232 Objections diverses.  

plus tard, etc. Il y a encore d’autres causes que nous ne comprenons pas, qui provoquent des cas nombreux et mystérieux de corrélation. Pour abréger, on peut grouper ensemble ces influences sous l’expression : lois de la croissance. En troisième lieu, nous avons à tenir compte de l’action directe et définie de changements dans les conditions d’existence, et aussi de ce qu’on appelle les variations spontanées, sur lesquelles la nature des milieux ne paraît avoir qu’une influence insignifiante. Les variations des bourgeons, telles que l’apparition d’une rose moussue sur un rosier commun, ou d’une pêche lisse sur un pêcher ordinaire, offrent de bons exemples de variations spontanées ; mais, même dans ces cas, si nous réfléchissons à la puissance de la goutte infinitésimale du poison qui produit le développement de galles complexes, nous ne saurions être bien certains que les variations indiquées ne sont pas l’effet de quelque changement local dans la nature de la sève, résultant de quelque modification des milieux. Toute différence individuelle légère aussi bien que les variations plus prononcées, qui surgissent accidentellement, doit avoir une cause ; or, il est presque certain que si cette cause inconnue agissait d’une manière persistante, tous les individus de l’espèce seraient semblablement modifiés.

Dans les éditions antérieures de cet ouvrage, je n’ai pas, cela semble maintenant probable, attribué assez de valeur à la fréquence et à l’importance des modifications dues à la variabilité spontanée. Mais il est impossible d’attribuer à cette cause les innombrables conformations parfaitement adaptées aux habitudes vitales de chaque espèce. Je ne puis pas plus croire à cela que je ne puis expliquer par là la forme parfaite du cheval de course ou du lévrier, adaptation qui étonnait tellement les anciens naturalistes, alors que le principe de la sélection par l’homme n’était pas encore bien compris.

Il peut être utile de citer quelques exemples à l’appui de quelques-unes des remarques qui précèdent. En ce qui concerne l’inutilité supposée de diverses parties et de différents organes, il est à peine nécessaire de rappeler qu’il existe, même chez les animaux les plus élevés et les mieux connus, des conformations assez développées pour que personne ne mette en doute leur importance ; cependant leur usage n’a pas été reconnu ou ne l’a