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REMARQUES FINALES

races domestiques ou des espèces. Il est un fait analogue bien connu, c’est que la plupart des races domestiques peuvent être subitement transportées dans un autre climat, ou être placées dans des conditions fort différentes, sans que leur fécondité en soit altérée ; tandis qu’une foule d’espèces cessent de pouvoir reproduire, pour avoir été exposées à des changements infiniment moindres.

À part la fertilité, les variétés domestiques ressemblent aux espèces lorsqu’on les croise, en ce qu’elles transmettent leurs caractères à leurs descendants de la même manière inégale, et qu’elles présentent souvent la même prépondérance d’une forme sur l’autre et la même aptitude au retour. Une variété ou espèce peut, après des croisements répétés, en absorber une autre complétement. Ainsi que nous le verrons en parlant de l’antiquité des variétés, celles-ci héritent quelquefois de leurs nouveaux caractères avec autant de fixité que les espèces ; et chez les unes comme chez les autres, les conditions qui déterminent la variabilité et les lois qui la gouvernent paraissent être les mêmes. On peut classer les variétés domestiques en groupes subordonnés, comme les espèces dans les genres, et ceux-ci dans les familles et ordres, et la classification peut être ou artificielle, — c’est-à-dire fondée sur des caractères arbitraires, — ou naturelle. Pour les variétés, une classification naturelle doit être certainement basée, et l’est apparemment chez les espèces, sur la communauté de descendance, jointe à l’étendue des modifications que les formes ont éprouvées. Les caractères par lesquels les variétés domestiques diffèrent entre elles, sont plus variables que ceux qui distinguent les espèces ; mais ce degré de variabilité plus grande ne doit pas étonner, car les variétés ayant été généralement et récemment exposées à des conditions d’existence fluctuantes, ont dû être plus sujettes à avoir été croisées, et subissent encore actuellement des modifications par suite de la sélection inconsciente ou méthodique dont elles sont l’objet de la part de l’homme.

En règle générale, les variétés domestiques diffèrent certainement plus entre elles, par des parties moins importantes de leur organisation, que ne le font les espèces, et lorsqu’il se présente des différences importantes, elles sont rarement bien fixes, fait qu’explique la sélection de l’homme. Celui-ci ne