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ici troupeaux et pâturages font dvandva, et les premiers sont appelés par les seconds qui seuls ont rapport direct à Ameretât : dans les pâturages, Ameretât dieu des plantes, est en plein dans son rôle ; il l’est aussi avec Gaokerena et à double titre ; en premier lieu, c’est que le Gaokerena est le roi des plantes, leur ratu ; en second lieu, c’est que le Gaokerena est la plante d’inimortalité. Ceci nous ramène à la question de la valeur primitive de Haurvatât-Ameretât.

    (donne-nous) par la pureté (c’est-à-dire au moyen, en récompense de la pureté) la force qui triomphe des violents, et en retour de la Bonne Pensée, (donne) la domination (pann zake vohuman çardâris). Enfin dans un dernier passage (50. 4), le poète demande où est çpehta ârmaiti, où est l’excellente Pensée, où est la Puissance et

    Kuthrâ ârôis â fçératu ;


    le pehlvi traduit aigh bûnîk çardâris ratu dîn bûrtârân : où est la domination parfaite des maîtres qui portent la loi ; autrement dit, où est la domination qui s’exerce suivant la loi {ârôis^ thème ar ?’, cf. âra parfait. ârôis â = ad perfeclionem^ en suivant la perfection).

    Que reste-t-il en faveur de l’assimilation de /fcVaiw avecle cou])le Ilaurvatâf-Ameretàr ! Une induction précipitée des traducteurs Parses dans un passage, induction que le texte qu’elle interprète repousse, et que les Parses eux-mêmes se chargent de réduire à néant par la traduction qu’ils donnent des autres passages. En résumé, l’invocation qui a donné lieu à cette induction ne s’adresse pas aux Amshaspands, mais à quatre Amshaspands, entre lesquels sont intercalées deux divinités ou abstractions ayant rapport avec deux d’entre eux. En effet, daêna est, par son caractère, proche parente d’Armaiti ; fçératu étant la Domination selon le texte pehlvi, la domination suprême selon Nériosengh (adhipatitvam) est un des attributs de Khskathra-vairya.

    La valeur de fçératu établie, l’étymologie du mot devient assez indifférente. Néanmoins la traduction de Nériosengh la donne aisément. Du *paçuratu de M. Justi et de la domination sur les troupeaux, inutile d’en parler : dans aucun des textes où paraît /fera/w, nous n’avons aperçu l’ombre d’un mouton. (Qu’est-ce d’ailleurs que cet c dérivé de w ? Je cherche dans la phonétique du Manuel les exemples de cette transformation, et je n’en trouve qu’un : fçératu ; c’est trop peu. — Do. fçératu = adhipalitva résulte fçc — adhi ; c’est-à-dire que fçé exprime une idée soit identique à adhi^ soit équivalente. Remplaçons ratxt. par khshathra qui lui est équivalent ; le zend khsathra a-t-il un composé équivalent à un sanscrit adhixatra ! Oui : le composé vaçôkhshathra = qui règne à sa guise ; or vaçô paraît avec Vô changé en e dans vaçé-shéiti, vaçé-khsha2/a/lt, etc., etc. ; si l’a tombe, le v devant une sifllante forte se change forcément en dure (ce changement a même lieu devant une sifllante douce : cf. piu’san a/zûdan en regard du parsi au-azâct) ; donc fçératu = "l’ofôratû. C’est donc bien Vadhipatilva, la dondnation sans limite, l’empire d’un roi vaçékhskarjaiil^ vaçékhshatlirô.