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Tous les sens de haurva se déduisent donc du sens de la racine har « conserver», employée soit activement, soit passivement.

Au sens actif, haurva = servus, ce qui conserve.

Au sens passif, haurva = salvus, ce qui est conservé, d’où omnis, tout, par l’intermédiaire totus, entier.

Quels sont les sens qui résulteront de la combinaison de haurva avec le suffixe d’abstrait -tâi ?

Le sens de salvus donnera : condition de ce qui est conservé, *salvi-tât (= le lat. *salvitus d’où salus) : nous le traduirons par santé.

Le sens de servus donnera : condition de ce qui conserve, c’est-à-dire de ce qui donne la santé ; c’est l’actif du mot précédent : nous le traduirons par Santé (avec S majuscule).

Enfin haurva au sens de tout entier ou de tout combiné avec le suffixe abstrait -tàt donnera un sens équivalent à celui du latin universitas, totalité.

§ 15. Par suite, le groupe i/awrva^at-Amerei(at signifie soit : santé-immortalité, soit : totalité-hmnortalité. Le premier sens est clair et précis ; le second n’est ni clair ni précis. Entre les deux traductions il n’y a pas à hésiter, et à la question posée au commencement de ce chapitre : Haurvatà^ et Ameretà/ ont-ils une valeur abstraite ? l’étymologie répond : Oui ; Haurvatâ^ et Ameretâ^ sont la santé et le non-mourir.

II.

§ 16. La tradition, comme l’étymologie, leur prête une valeur

    Ô maison, puissions-nous entrer dans tes portes, ayant nos hommes en santé, heureux, non blessés.

    Si l’on objecte que dans le premier de ces exemples sarva peut se rapporter à marlyam et signifier tout homme (que) et qu’il est en eilet remplacé par viçva dans une formule analogue (iO, G3, 13), nous ferons observer que la chose n’est guère possible dans la formule 8, 27, 16 :

    pra sa xayam tirate, vi mahîr isho,
    yo vo varàya dùçati ; pra pragàbbir gâyate dharmanas pary,
    arishtas sarva edhate.

    Il est clair qu’ici sarva est une épithète de mémo ordre que arishia : hic vitam producit... qui vobis ad vostram cupidincm largitur ; proie se propagat… non vulneratus, salvus, llorescit. Coite formule remonte à une éjjoque où sarva était encore compris : bientôt il cessa de l’être ; sarva, devenu synonyme de viçva dans la langue nouvelle, sembla l’être aussi dans les ibrmules anciennes et s’y laissa remplacer par lui.