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AFRICAINE.

frère était à l’école. Cette jeune victime de la misère traîna encore pendant deux mois sa triste existence ; et sur la fin d’octobre, nous eûmes la douleur de le voir succomber.

Ce dernier malheur me plongea dans une sombre mélancolie, j’étais indifférente à tout. Je venais de voir mourir en trois mois, presque tous mes parens. Un jeune orphelin (Alphonse Fleury), âgé de cinq ans, notre cousin dont mon père était le tuteur, et qu’il avait toujours soigné comme son propre fils, ma sœur Caroline et moi étions tout ce qui restait de l’infortunée famille Picard, qui, en partant pour l’Afrique, était composée de neuf personnes. Encore nous attendions-nous à suivre de près nos chers parens au tombeau ! Cependant nos amis, à force de soins et d’attentions, parvinrent peu à peu à ramener le calme dans nos âmes et à éloigner de notre