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LA CHAUMIÈRE

il me répondit en sanglotant : « J’y resterai toute ma vie ; mon bon maître ne vit plus, mais il est toujours ici ; je veux travailler pour nourrir ses enfans. » Je lui promis à mon tour de le garder tant que nous resterions en Afrique. Ensuite je me traînai vers le tombeau de mon père. Les arbres qui l’entouraient, étaient couverts de la plus belle verdure ; leurs branches épineuses s’étendaient au-dessus de la tombe, comme pour la garantir des ardeurs du soleil. Le silence qui regnait dans ce lieu solitaire, n’était troublé que par le gazouillement des oiseaux, et par le frémissement du feuillage qu’un vent léger agitait. À la vue de cet asile sacré, je me sentis tout-a-coup pénétrée d’un sentiment religieux ; je tombai à genoux sur l’herbe, et appuyant ma tête sur la pierre humide, je restai longtemps dans une profonde méditation ; puis sortant tout-à-coup de cet état de