Page:Dard - La chaumière africaine, 1824.pdf/306

Cette page a été validée par deux contributeurs.
293
AFRICAINE.

On voulut m’en détourner mais comme l’on vit que j’avais besoin de verser des larmes en secret, on n’insista pas davantage. Je partis donc seule pour l’île de Safal, laissant à ma sœur Caroline le soin de veiller sur les enfans, dont deux étaient encore dangereusement malades. Quels changemens je trouvai dans notre habitation ! la personne qui nous avait loué ses nègres, les en avait retirés secrètement ; l’herbe croissait par-tout ; les cotonniers languissaient faute de culture ; les champs de mil, de millet, de maïs et de haricots avaient été dévorés par les troupeaux du boucher de la colonie ; notre chaumière était à moitié pillée ; les livres et les papiers de mon père enlevés. Le vieil Étienne habitait encore Safal ; je le trouvai qu’il ramassait du coton. Dès qu’il m’apperçut, il vint à moi ; et lui ayant demandé s’il voulait continuer de rester à la plantation,