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AFRICAINE.

mon père qui pleurait auprès de mon lit. Sa présence ranima le peu de forces qui me restaient. Je voulus parler, mais mes idées étaient si confuses, que je ne pus proférer que quelques mots sans suite. J’appris alors que mon père informé de l’état dangereux où nous nous trouvions, était accouru au Sénégal avec l’aîné de mes frères qui avait aussi la fièvre. Mon père ne paraissait pas non plus très-bien portant ; il nous dit, pour nous rassurer, qu’il attribuait son indisposition à une chûte qu’il avait faite en dormant sur un banc à l’habitation de Safal ; mais nous nous apperçûmes bientôt que le moral était chez notre infortuné père, plus affecté que le physique. Souvent je le surprenais dans de sombres méditations ; un air taciturne et égaré se peignait dans tous ses traits. Ce bon père qui avait résisté, avec le plus grand courage, à tant de chagrins et de malheurs, ver-