conduire au Sénégal. Pendant qu’on préparait cette embarcation, nous mangeâmes un morceau de pain de millet que j’avais eu la précaution de faire avant de quitter Safal ; enfin sur les six heures du soir, nous nous embarquâmes pour l’île Saint-Louis, laissant nos nègres à Babaguey. Mon père promit à Étienne de venir le rejoindre, aussitôt que notre famille serait en sûreté, afin de continuer les travaux de culture, s’il était possible.
Il était très-tard, lorsque nous arrivâmes au Sénégal ; comme nous n’y avions pas de logement, un ami de mon père (M. Thomas), nous donna l’hospitalité ; sa digne épouse nous combla d’honnêtetés. Pendant notre séjour dans l’île de Safal, mon père avait fait plusieurs fois le voyage du Sénégal ; mais ma sœur et moi qui l’avions quitté depuis long-tems, nous nous trouvâmes comme dans un autre monde. L’isolement dans lequel