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AFRICAINE.

s’adressant à mon père : « Toi Picard, mon maître, si l’on t’arrêtait lorsque tu cultives ton champ, et qu’on t’emmenât bien loin de ta famille, ne ferais-tu pas tous tes efforts pour la rejoindre, et pour recouvrer ta liberté ? » Mon père ne sachant trop que répondre, lui dit oui je le ferais. » Nakamou (eh bien), répartit le nègre, je suis dans le même cas ; comme toi, je suis père d’une nombreuse famille ; j’ai encore ma mère, des oncles ; j’aime ma femme, mes enfans, et tu trouves extraordinaire que je veuille aller les rejoindre ? » Mon malheureux père attendri jusqu’aux larmes par ces paroles, résolut de renvoyer ces nègres à la personne qui les lui avait loués, afin de ne point l’exposer à les perdre. S’il eût pensé comme bien des colons, il aurait mis ces nègres aux fers, en les traitant de rebelles ; mais il était trop philantrope, pour employer de