Page:Dard - La chaumière africaine, 1824.pdf/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.
251
AFRICAINE.

nous nous trouvâmes les plus malheureuses créatures qui eussent jamais existé sur la terre. L’idée que nous avions de passer toute la mauvaise saison dans de si cruels tourmens, nous fit regretter cent fois de n’avoir pas péri dans notre naufrage. Comment, me disais-je, comment supporter l’insomnie, les piqûres de mille millions d’insectes, les exhalaisons putrides des marais, la chaleur du climat, la fumée de nos cases, les chagrins qui nous dévorent, et le manque des choses les plus nécessaires à la vie, sans succomber ? aussi toute notre malheureuse famille était désolée, anéantie. Mon père, cependant, pour ne pas nous laisser entrevoir le chagrin qui le consumait, s’efforçait de prendre un air serein, quand son âme était en proie aux plus affreuses angoisses ; mais à travers ce prétendu calme, il nous était facile de démêler les divers sentimens