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AFRICAINE.

coureurs des fièvres pernicieuses qui devaient nous conduire à deux pas du tombeau ; aussi deux jours après, mes deux jeunes frères furent atteints d’une forte fièvre ; heureusement mon père arriva le lendemain et les emmena au Sénégal.

Me voilà donc seule avec mon vieux nègre Étienne dans l’habitation de Safal : éloignée de ma famille, isolée au milieu d’une île déserte, dont les oiseaux, les loups et les tigres composaient toute la population ; je donnai un libre cours à mes larmes et à mes chagrins. Le monde civilisé, me disais-je, est loin de moi, un fleuve immense me sépare de mes parens. Hélas ! quelle consolation puis-je trouver dans cette affreuse solitude ? Que fais-je sur cette terre maudite ? Mais qu’ai-je dit, malheureuse que je suis ! Ne suis-je pas nécessaire à mon infortuné père ? N’ai-je pas promis de l’aider