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LA CHAUMIÈRE

chercher plein son chapeau. Ma soif était si grande, que je bus dans le crasseux vase, sans la moindre répugnance.

Peu de temps après, tout le monde s’éveilla, et l’on se mit sur le champ en route, afin d’arriver de bonne heure au Sénégal. Vers les sept heures du matin, me trouvant un peu en arrière de la caravane, je vis venir à moi plusieurs Maures armés de lances. Un petit mousse âgé de dix à douze ans, qui marchait à quelques pas de moi, s’arrêta et me dit d’un air effrayé : « Ah mon Dieu, mademoiselle ! voilà des Maures qui viennent, et la caravane est déjà bien loin ; s’ils allaient nous emmener ? » Je lui dis de ne pas avoir peur, quoi qu’au fond je ne fusse guère plus rassurée que lui. Bientôt ces Arabes du désert arrivèrent auprès de nous. L’un d’eux s’avança d’un air farouche et arrêta mon âne, en m’adressant dans