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AFRICAINE.

nous fûmes tous transportés hors de nous-mêmes, lorsque chacun eut mélangé dans son estomac ces rations d’eau de vie et de vin. La vie, qui, tout récemment était un fardeau pour plusieurs de nous, devint infiniment plus précieuse à tous. Les fronts mornes et silencieux commencèrent à se dérider ; les ennemis fraternisèrent ; les avares cherchèrent à faire oublier leur égoïsme et leur cupidité ; les Dames furent un peu moins maussades ; les enfans sourirent pour la première fois depuis notre naufrage ; en un mot, tout le monde parut passer d’un état d’abattement et de tristesse à une gaîté naissante. Je crois même, que le marin chanta sa maîtresse.

Cette journée fut heureuse pour nous : quelques instans après notre délicieux repas, nous vîmes arriver près de nous plusieurs Mauresses qui nous apportaient du lait et du beurre ; de sorte que nous