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LA CHAUMIÈRE

fût guère propre à nous désaltérer. Oserai-je le dire ! la soif avait tellement dessèché nos poumons, qu’il y eut des matelots qui burent de leur urine, après l’avoir fait refroidir dans l’eau de la mer. Nos forces diminuaient à chaque instant ; et ce n’était que l’espoir d’arriver le jour suivant à la colonie qui soutenait notre frêle existence. Mes jeunes frères et sœurs pleuraient sans cesse en demandant à boire ; la petite Laure, âgée de six ans, était couchée mourante aux pieds de sa mère ; ses cris douloureux émurent tellement les entrailles de mon malheureux père, qu’il fut sur le point de s’ouvrir une veine pour essayer de calmer la soif qui dévorait son enfant ; mais une personne prudente s’opposa à ce dessein, en lui faisant observer que tout son sang ne pourrait pas prolonger d’une minute la vie de ses enfans.

La fraîcheur de la nuit nous procura