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par leſquels ces hommes captoient ſes ſuffrages, & il en a compoſé les tribunaux. Il a donc remis la garde des lois entre des mains qui, ayant déjà peſé les faveurs de l’ancien régime, ont trouvé légéres les faveurs du peuple. Accoutumés d’ailleurs à une magiſtrature qui étoit, pour ainſi dire, perſonnelle, & qui ſuivoit, dans la ſociété, celui qui en étoit revêtu, ils devoient ſe faire difficilement à une magiſtrature qui tenoit, non plus à la perſonne, mais à des fonctions d’un moment, qui, dès qu’on en a dépoſé les marques en deſcendant du tribunal, vous laiſſe ſimple citoyen, vous rend à l’égalité & vous perd dans la foule.

La cour à ſu tourner ces diſpoſitions du cœur humain au profit du deſpotiſme. D’abord, un miniſtre de la juſtice, Champion de Cicé, avoit cru que pour faire la contre-révolution, il falloit paralyſer les tribunaux, afin que le peuple dît à ce paralytique de ſe lever & de marcher ; mais comme la nation ne ſe preſſoit pas beaucoup de demander à ſes repréſentans qu’ils redonnaſſent le mouvement au pouvoir judiciaire, ce plan été bientôt abandonné par les ſucceſſeurs du miniſtre, qui ont cru aller plus vite à ſon but ſi, en rendant eux-mêmes la vie aux tribunaux, ils leur imprimoient des mouvemens dans le ſens de la contre-révolution.