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CANZONE III.

La servitude d’Amour lui semble douce.

Je subis tellement l’immense pouvoir d’Amour, que je ne puis résister longtemps à souffrir (ainsi), d’où je m’afflige ; car sa force s’augmente sans cesse, et je sens la mienne s’éteindre ; je m’amoindris si bien d’heure en heure, que je ne peux plus me révolter. Je ne dis pas qu’Amour fait plus que je ne veux ; mais s’il fait autant que le demande sa volonté, la force que me donna la nature ne l’endurera pas, attendu qu’elle est limitée. Et c’est lui,—ce dont je prends un chagrin extrême, — qui impose ici sa puissance, sans règle et d’après son seul caprice ! Mais si le bon vouloir fait naître la récompense, je la demande, pour prolonger ma vie, à ces beaux yeux dont le doux éclat porte la consolation partout où je sens Amour.

Les rayons de ces beaux yeux pénètrent dans mes (yeux) amoureux, et portent de la douceur partout où je sens de l’amertume ; ils y font leur trajet comme ceux qui, là, ont déjà passé, et ils savent le lieu où je laisserai Amour, quand à travers mes yeux je le mènerai en dedans de moi : aussi, en se