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INTRODUCTION.

gne[1], Bodin[2], à la cour de Louis XIII ; en Angleterre sous Charles Ier[3], et, à la fin du dix-septième siècle, Dryden, lui-même, en était imbu[4].

Une curiosité maladive, le désir inquiet de savoir et de prévoir ce qui, d’un si vif intérêt pour nous, se dérobe à notre vue dans l’obscurité de l’avenir, telle est la racine naturelle de l’astrologie. Mais ce qu’il n’est peut-être pas indifférent de remarquer, c’est qu’il n’est point de système de fatalité et de nécessité dont elle ne sorte comme une conséquence rigoureuse, et que nul matérialiste ne saurait logiquement la rejeter. Car, si tout est matière, et si tout est lié dans une suite éternelle de causes et d’effets s’engendrant l’un l’autre selon des lois physiques, immuables, nécessaires, rien dans les phénomènes de tous les ordres, rien dans les événements dont se composent la vie des individus et celle des peuples, qui, de proche en proche, ne remonte, comme à sa cause originaire, aux grands corps circulant dans l’espace ; rien qui ne subisse leur influence plus ou moins directe, et n’en soit l’effet fatalement prédéterminé.

La philosophie de Dante et de son temps se propo-

  1. Essais, liv. II, ch. xii.
  2. Républ, liv. IV, ch. ii.
  3. Lorsque, retenu prisonnier dans le château de Carisbrook, il tenta de s’en évader, un astrologue fut consulté sur l’heure la plus favorable à cette évasion. — Johnson. Life of Butler.
  4. Ibid.