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INTRODUCTION.

« O mon Seigneur ! quand joyeux verrai-je la vengeance cachée dont jouit en secret ta colère[1]. »

Au moment où Dante et son guide vont quitter le cercle des Avares, le mont tremble comme s’il s’écroulait, et de toutes parts retentit ce chant : Gloria in excelsis Deo ! Ce tremblement du mont annonce la délivrance d’une âme, et l’âme actuellement délivrée est celle de Stace, avec lequel, en conversant, ils poursuivent leur route.

« Mais tôt rompit le doux discourir un arbre qu’au ce milieu du sentier nous trouvâmes, chargé de pommes à l’odorat suaves et bonnes.

« Et comme le sapin de rameau en rameau se rétrécit en s’élevant, ainsi cet arbre en descendant, afin, je crois, que dessus nul ne monte.

« Du côté où le chemin était fermé, tombait du roc élevé une eau claire, qui se répandait d’en haut sur les feuilles[2]. »

Tandis que Dante, distrait par ces objets nouveaux, tenait les yeux fixés sur le vert feuillage,

« Tout à coup voilà des voix gémissant et chantant : Labia mea, Domine, de manière qu’à l’ouïr on ressentait plaisir et douleur.

« — O doux père, qu’est-ce que j’entends ? dis-je ;

  1. Purgat., ch. XX, terc. 32.
  2. Ibid., ch. XXII, terc. 44-46.