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hors de portée, il n’eſt donc pas plus ridicule à moi d’entreprendre de le deffendre, qu’à vous de l’attaquer, & puiſque je me ſuis mis en charge, j’entre en fonction & je commence.

Eſt ce du Catilina de M. de Voltaire que vous avez voulu dire que par ſon courage, ſon éloquence & ſa fermeté, il captive l’eſtime de tous les ſpectateurs ; ſi un ſcélerat pouvoit être eſtimé, aſſurément celui de M. de Voltaire mériteroit cet honneur plus qu’aucun autre ſcélerat ; mais je ſuis bien certain que vous ne trouverez perſonne capable d’eſtimer un pareil monſtre. Le Ciceron de Rome ſauvée ſi éloquent, ſi ferme, ſi grand dans ſes démarches au goût de tout le monde, ſe ſeroit-il métamorphoſé à vos yeux ſeuls en vil rhéteur, & parce que Caton ſemble redouter la hardieſſe réfléchie de Ciceron, confiant à Céſar qui lui eſt ſuſpect, le ſalut de la République, ſa prudence en auroit elle fait à vos yeux un poltron & un pédant ? Je ne ſais, mais je crois bien que ce ſera pour vous ſeul qu’on verra arriver de pareils miracles : je ne m’arrêterai donc pas à deffendre Rome ſauvée plus longtems que Catilina, je paſſe à Mahomet.

C’eſt encore un objet ſur lequel je puis vous ſommer de vous en rapporter à mon expérience. J’ai joué comme je vous l’ai déjà dit, le rôle de Seyde dans cette piéce, M. de Voltaire avoit lui même compoſe nôtre Auditoire de gens qu’il avoit prié d’apporter un œil connoiſſeur & critique ſur la piéce & ſur