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gligence des Comédiens de Paris à la repréſenter, mais elle n’en eſt pas moins propre à orouver que les Auteurs Dramatiques d’aucune nation ne ménagent pas tant les mœurs de leur ſiécle & de leur païs que vous voulez vous le perſuader.

Vous connoiſſez la Double Inconſtance de M. de Marivaux : il ne traite pas dans cette piéce les gens qui ſe battent par honneur de bêtes féroces, mais pour les inſtruire & s’en faire écouter, il s’y prend bien plus joliment : voyez la ſcene 4me du troiſiéme acte de cette piéce entre Arlequin & un Seigneur qui lui apporte des lettres de Nobleſſe.

Le Seigneur.

… À l’égard du reſte, comme je vous ai dit, ayez de la Vertu, aimez l’honneur plus que la vie, & vous ſerez dans l’ordre.

Arlequin.

Tout doucement : ces dernières obligations là ne me plaiſent pas tant que les autres. Premièrement il eſt bon d’expliquer ce que c’eſt que cet honneur qu’on doit aimer plus que la vie. Malapeſte quel honneur !

Le Seigneur.

Vous approuverez ce que cela veut dire ; c’eſt qu’il faut ſe venger d’une injure, ou périr plutot que de la ſouffrir.

Arlequin.

Tout ce que vous m’avez dit n’eſt donc qu’un Coq-à-l’ane, car ſi je ſuis obligé d’être généreux, il faut que je pardonne aux gens ;