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valaient. Ils partirent l’un après l’autre, indifférents, leur valise à la main. Les ménages, empêtrés de leurs fouillis, eurent plus de peine à se débrouiller.

— Vous pressez pas de partir, la maison est encore solide, leur disait Louise.

Elle assistait, mélancolique, à cet exode. Elle traînait sans but, la gorge sèche, dans les couloirs, dans les chambres où chaque objet lui rappelait un effort. Tout était déjà couvert de poussière. Le bruit d’une porte qui claquait au vent la faisait sursauter. Alors la solitude l’angoissait et elle descendait retrouver son mari.

À une table, Lecouvreur, assis, ses livres de compte ouverts devant lui, se livrait à des calculs. En voyant entrer sa femme il posait son porte-plume, ôtait ses lunettes et pour la centième fois, disait : « On ne roulera pas sur l’or, mais on aura une petite vie tranquille. » Il ajoutait, fier de lui : « J’ai bazardé tout à l’heure une douzaine de couvertures à un youpin. »

Afin de liquider son matériel il avait mis quelques annonces dans des journaux. Il vendait ainsi, à bas prix, des bricoles, du linge, mais n’arrivait pas à trouver acheteur