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Louise revint souvent. Elle apportait toujours une gourmandise avec elle ; des locataires l’accompagnaient parfois. On bavardait un moment. Louise parlait des bêtises de Pluche, des amours de sa bonne. Lucie écoutait ; ces récits lui rappelaient les premiers mois de son mariage. Soudain sa toux la secouait et elle crachait dans un petit vase. Elle s’excusait. « Ça dégage, » répondait Louise qui se levait pour arranger les couvertures.

En rentrant à l’hôtel, elle confiait à son mari :

« Si tu voyais comme elle est maigrie, Émile. Y en a plus d’elle… Elle passera pas l’hiver. »

Au bout du quatrième mois, Lucie voulut quitter l’hôpital et revenir rue des Écluses-Saint-Martin. « Le changement va me guérir, » disait-elle.

Louise venait la voir tous les jours. Elle mettait de l’ordre dans la chambre, sur la table de nuit encombrée de médicaments. Étendue dans son lit Lucie la regardait faire ; un sourire d’amitié éclairait son visage fiévreux. Elle demandait qu’on ouvrît la fenêtre toute grande. Le printemps commençait, un rayon de soleil plongeait dans la courette et