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raient des compliments. « Vous êtes belle. On ferait des folies avec vous », lui soufflait Cisterino, un colonial en congé de convalescence. Il se penchait sur elle. Jeanne sentait encore l’haleine de son galant l’effleurer comme un baiser…

Elle se tourna sur le lit, oppressée. Elle alluma l’électricité, s’empara d’une glace et se regarda mélancoliquement. De vagues désirs la troublaient.

Un matin, Cisterino revint à l’improviste dans sa chambre. Jeanne s’y trouvait.

— Bonjour, belle enfant !… Je ne vous vois plus depuis quelques temps.

Il avait une voix chaude et mâle qui surprenait les femmes comme une caresse. Jeanne baissa la tête, une incompréhensible timidité la paralysait.

— Vous m’oubliez, continua-t-il. Il passa un doigt sur la table. Quelle poussière ! Si je me plaignais à la patronne ?

— Monsieur Cisterino !…

— Je dis ça pour rire, ma petite. Je veux pas vous faire des ennuis.

Ils étaient l’un près de l’autre. Jeanne admirait l’uniforme de Cisterino, sa pres-