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Il haussa les épaules et s’accouda à la fenêtre.

Les maisons du quai de Valmy se découpaient sur un ciel orageux. Il faisait une chaleur accablante. Un groupe de badauds contemplait le patron de la « Chope des Singes » qui, perché dans un marronnier, tendait une bande de calicot et des rangées de lampions en travers de la rue.

— Raoul, dit Suzanne qui avait suivi son mari à la fenêtre, si tu proposais à ces gens d’organiser leur fête. Elle ajouta vivement : Tu as déjà été régisseur.

Raoul se dérida. « Je ne serais pas embarrassé, certes. » Il resta songeur une minute. « Même, on pourrait leur jouer un sketch. »

— Tu vois bien. Et ça permettra de s’arranger avec M. Lecouvreur pour le mois.

Raoul ne l’écoutait plus : « Suzanne. » Il tendit le bras : « Regarde : j’accroche des godets de couleur autour du poste, je pavoise l’écluse, je fais toute une fête vénitienne. » Il se frotta les mains : « Jamais ils n’auront eu un 14 juillet pareil ! »

Il prit son feutre : « Je descends. »

Sur le pas de la porte, Lecouvreur suivait des yeux les préparatifs du bal.

— Bonsoir, patron !