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« Encore toi, mon petit, » dit le boulanger. Paul hoche la tête et tend son carnet (maman Chardonnereau achète partout à crédit). Rue de la Grange-aux-Belles il tombe sur son frère qui donne le bras à une dame.

— Hé, Gabriel ! crie-t-il.

— Fous-moi le camp, lui dit l’autre.

Paul regagne l’hôtel, prend les litres de vin que le patron lui a servis, les glisse doucement dans son filet et quitte la boutique. Le corps ployé, les bras rompus par sa charge, il monte l’escalier en tapant des pieds à chaque marche.

Une main légère lui frôle les cheveux.

« Bonsoir, mon petit bonhomme, » dit Mlle Raymonde qui habite l’autre aile de la maison.

Arrivé chez lui, Paul court à la fenêtre et, le cœur battant, colle au carreau son visage. Il voit l’ombre de Raymonde aller et venir dans sa chambre. Il s’accroche nerveusement aux rideaux.

Soudain une main s’abat sur son épaule.

— Qu’est-ce que tu fous là ?

C’est Gabriel. Il aperçoit l’ombre de Raymonde.