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tomber ses bras et les reliques qu’elle tenait lui glissèrent des doigts. Mais elle ne se sentait plus la force de les ramasser.

Deux semaines passèrent. Quand Louise lui demandait de ses nouvelles, Renée haussait tristement les épaules.

« Je m’ennuie, » disait-elle.

Sa voisine de chambre était une corsetière qui menait joyeuse vie. Le matin, elles bavardaient dans le couloir.

« Quoi, un gosse, s’écriait Fernande, ça peut se refaire. Amusez-vous donc en attendant. »

Elle fit si bien qu’elle entraîna Renée au cinéma, au café, enfin au bal-musette. Renée se laissait emmener sans trop de résistance ; même, elle se fardait, mettait son corsage neuf et ses beaux souliers qui lui faisaient mal. Elle prenait modèle sur Fernande, employait ses économies à s’acheter des futilités. Mais jamais elle n’arriverait à être aussi élégante que son amie. Ses mains rouges la rendaient honteuse.

« Ne soyez pas si timide, » lui répétait Fernande.

Dans le bal-musette, il y avait des marlous